Je vais essayer de vous livrer ici mon petit retour d’expérience et mes humbles réflexion sur la culture des tomates.
J’ai commencé à me questionner lors de ma première culture de tomates : faut-il enlever les gourmands ? Si oui, pourquoi ?
Mes voisins jardiniers (culture « classique ») m’ont fait une belle leçon de jardinage : il FAUT enlever les gourmands car la plante peut se concentrer sur les fruits qui restent. Sinon elle risque de s’épuiser à devoir faire mûrir trop de fruits (plus de branches = plus de fruits). Du coup, les tomates mûrissent plus vite, et le pied peut faire plusieurs « sessions » de fruits (donc période de récolte plus longue)
A contrario, si on laisse les gourmands, la plante va avoir un port buissonnant. Elle va devoir « alimenter » simultanément plus de fruits, donc elle mettra plus de temps à tous les faire mûrir. On aura donc une seule grosse vague de récolte en fin de saison.
Mais il paraîtrait que couper les gourmands fatigue aussi la plante, qui du coup va tiger (faire pousser un tronc unique plus haut). Elle concentre effectivement toute sa croissance sur un seul tronc. Mais du coup, elle va devoir faire monter sa sève plus haut, ce qui est plus fatiguant, et les parties hautes seront moins bien alimentées en sève (donc croissance et mûrissement ralentis).
Du coup, je me suis dit que j’allais essayer d’en laisser quelques uns. J’ai donc laissé entre 2 et 4 branches secondaires. Effectivement, la récolte des tomates a commencé un peu plus tard, mais avec une productivité que j’ai estimée relativement équivalente.
Pour parfaire mes expérimentations, j’ai également laissé quelques pieds pousser , en les tutorant mais sans les tailler. Effectivement, les pieds de tomates se sont épuisés. Beaucoup de fruits sur les branches, mais quasiment impossible de les faire mûrir.
En parallèle, je me suis posé la question de l’aspect « naturel » de couper les gourmands, et l’aspect naturel d’un pied de tomate sauvage. Après tout, pourquoi ne pas laisser faire intégralement la nature ?
Donc j’ai laissé quelques pieds pousser totalement librement. bien évidemment, ces pieds de tomate n’ont pas poussé verticalement. En réfléchissant légèrement, la conclusion est tout à fait logique : le tronc d’un pied de tomate n’est pas assez robuste pour supporter son propre poids + celui des fruits. Ce n’est donc pas naturel de voir des pieds de tomate à la verticale. Au fur et à mesure de l’avancée de la saison, j’ai vu se développer un nombre incroyable de tomates. Et je les ai vu mûrir « normalement » (comme on peut s’y attendre d’après les normes de culture actuelles…) Par contre, les plantes étaient couchées, en buisson. Les tomates qui se sont retrouvées au contact du sol ont eu tendance à plus moisir que lorsque les pieds sont verticaux. Mais le pourcentage de pertes était compensé par la quantité fournie. Et cet inconvénient peut être limité avec un léger paillage (pas trop épais, vous verrez pourquoi plus bas). Mais alors, pourquoi dans ce cas là, les tomates ont réussi à mûrir correctement ? Tout simplement parce que Dame Nature est bien faite !! 😉
Vous avez sûrement déjà constaté ou entendu dire qu’il faut bien enterrer les plants de tomates, parce qu’ils ont la capacité de faire des racines à partir de son tronc et de ses branches. Donc plus vous enterrez votre plant, plus il aura de hauteur de tronc enterré pouvant servir de point de départ pour de nouvelles racines. Mais ça va même plus loin : la tomate fait naturellement du marcottage sur toutes ses branches.
Ceci étant dit, je reviens à mes plants « sauvages » : toutes les branches étant en contact avec la terre ont refait des racines. Le plant a donc démultiplié sa capacité d’alimentation, ce qui lui permet de nourrir et faire mûrir tous les fruits qu’il produit. Il est également plus résistant à la sécheresse, car il est beaucoup plus couvrant, donc le sol est moins exposé au soleil et à la chaleur.
Les inconvénients de cette méthode sont la surface au sol occupée, et le manque de praticité pour récolter. Ce n’est donc pas du tout acceptable pour une agriculture classique, basée sur l’optimisation et le rendement.
Voilà mes quelques retours d’expérience, à vous d’en faire ce que vous voulez… 😉